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Confinés avec Jérémy Bouquin #27


C'est le moment de feuilletonner...

L'auteur berricho-tourangeau Jérémy Bouquin l'a bien compris et vous entraine dans un polar sombre, en temps réel.


 

Un feuilleton polar, créé spécialement pour le Confi-blog de La Bouinotte… C’est le pari, avec ce roman noir planté du côté de Levroux, dans l’Indre, dont il va nous livrer un épisode chaque jour.


Pas de titre pour le moment. A vous de trouver !! On attend vos propositions sur notre mail : la-bouinotte@orange.fr, ou sur les réseaux sociaux de La Bouinotte.


Jérémy Bouquin
Autodidacte, réalisateur de  courts et moyens-métrages, Jérémy Bouquin est auteur de romans  policiers, nouvelles noires. Il a participé à deux recueils de nouvelles  black Berry, éditions La Bouinotte. Sous l'alias Jrmy, il est scénariste de la Bd polar Le Privé. Mais dans "la vraie vie", Jérémy est  travailleur social.

Son site : http://jrmybouquin.free.fr


 



Épisode 27


Serge a tiré de sa poche un paquet de Bullseye, des cigarillos.

Rien à voir avec ses clopiots. Le sourire en coin, le doigt de la main gauche sur la gâchette, la crosse du fusil de chasse calée entre son coude et son flanc, il ne tremble pas.

Il a l’assurance du mec qui a déjà butté d’autres mecs.

Ce regard noir qu’ont les tueurs. Charly s’est retourné doucement dans le minuscule espace des boîtes postales.

- Le missel...

Serge lorgne sur le petit livre, il n’aurait jamais pensé chercher là. Le missel, c’était tout simplement dans ce petit bouquin d’extraits de la Bible que Garry avait planqué les numéros de comptes en banque off-shore de Joe.

Tout simplement.

- Donne le missel !

Il lui ordonne. Charly lui tend. L'autre lui arrache des mains, tout en lâchant un nuage de fumée brunâtre, à l’odeur de cigare humide.

- Le fric... gronde Charly. Le fric... Garry s’est vu démasquer par son associé ! Il y a six mois, il a activé ce téléphone pour débloquer l’argent d’un compte pour te payer.

- Pas moi....

- Guillaume alors ! Guillaume Audru, le conservateur.

Serge tourne les pages. Un Graal ce missel. A chaque page, dans le coin un nouveau numéro, un code en dessous, et une série de chiffres, des sommes.

Il y a des millions, planqués à l'ombre !

L’argent de la came des quartiers Saint-Sulpice.


Charly a tout compris, il ne lui a fallu qu’ouvrir le missel pour faire le lien. Tiny, déjà... Tiny n’était pas Garry. Antoine Garribaldiny dit Tiny était le cousin de Stéphane Garribaldiny. Lui c’était Garry. Le vrai !

Le repenti.

Il a balancé aux flics des magouilles de Joe. Il avait accès à ses comptes, et s’est bien gardé de les lâcher. Il est venu se réfugier là, à Bouges. Chez son cousin Tiny.

Tiny trimait déjà avec des fournisseurs de Joe. Un contact de loin. Du côté d’Orléans. Garry pensait se planquer de tout cela. Manque de bol, il ne savait pas que le lascar tenait un business de came lui aussi en association avec le conservateur du château.

Et Serge...

Serge...

Charly le laisse feuilleter le missel, compter les millions.

- Garry.... Il ressemblait à Gabin, dans " L’Année Sainte ". Tu connais le film ? " L'Année Sainte " ?

Il demande à Charly.

Le tueur n’a jamais eu de culture. Alors allez voir des vieux films de gangsters, c’est pas son truc. Il ne moufte pas, les paluches toujours dressées.

- En plus jeune, Garry il avait la petite cinquantaine, mais la même dégaine.

Garry, il ressemblait à Jean Gabin, la dégaine, la gouaille. Un sacré type, alors quand il est arrivé, qu’il a dit qu’il était le nouveau curé. On y a cru !

Que des coïncidences, mais qui ont joué dans l’affaire.

- Et toi Serge ?

Il dresse le nez le vieux.

- Tout cela t’a échappé. Qu’il lance Charly, provocateur. Ton coin à champignons, ta petite popote de sorcier dans les bois, à ramasser tes trompettes de la défonce !

Des champignons hallucinogènes.

Tout simplement, par milliers, une fois bien secs et réduits en poudre :

un tabac à défoncer les centenaires !

A guérir de toutes les souffrances, avec le goût de la vanille.


Un plan des bois qui rapidement s’est fait plus imposant. Jusqu'à tomber sur Tiny et Guillaume qui eux y ont vu la mise en place d’une affaire fleurissante, du producteur au consommateur ! Pas du pavot venant d’un cartel mexicain, là tout est en circuit court. De la collecte, très fleurissante dans le coin, jusqu’à la production dans la grange de Tiny. Rajoutez là-dessus, le blanchiment avec l’affaire du château et le tour est joué !

Mais Serge a picolé trop souvent à l’auberge, s’est mis à causer.

L'eau de source polluée par la récolte devenue intensive, les habitants ont commencé à dérailler.

Il s’en est fallu de peu.

Le fric appelle le fric. Alors quand Garry débarque, il se rend compte qu’en voulant échapper au trafic de came des cités, il découvrait le trafic des champs ! Tombé sur plus coriaces que des chouffs de hall, il s'est retrouvé face à un bourru de papy en vélo et son cousin dans la magouille.

- Je voulais pas le tuer... il ronchonne le vieux. Je voulais pas le tuer, je voulais qu’il me refile plus de blé ! Plus que dix mille balles ! Je voulais la totale.

Il finit par fourrer le missel dans sa poche de costume.

- Je l’ai un peu asticoté, un peu tapé, avant qu’il ne tombe en voulant s’enfuir, un bête coin, il s’est tapé la figure contre le meuble, il ne s’est pas réveillé.

* Soupir *

Il rentre ses dents, joue un moment avec son appareil, le fait sortir, claquer sous son palet. Il se remet le moment.

Charly tente alors de baisser le bras, chopper le canon, donner un coup de main puis un coup de battoir en plein tronche, mais le vieux se braque : Bouge pas !

Il a ses réflexes le vieux, il a de bons restes ! Il engage même l’index sur la gâchette. Avec un tube comme celui-là, il lui assure ne pas louper un sanglier à vingt mètres, alors un curé !

- Tu vas pas me tuer là ! Lance Charly.

Dans le bureau de poste, qui sert aussi de mairie. Une bastos, ça attirerait les poulets, ils feraient rapidement le rapprochement.

- Elle est où ta bagnole ?

- Dehors.

- On va au bois.

- Au bois ?

- Celui des champignons.

Charly rechigne un moment, hésite à passer devant, mais le vieux lui tape un grand coup les côtes. Cela le fait bondir tellement il souffre. Il est à peine remis de son explosion que l’autre lui ravive les blessures.

- Allez !


Les voilà qu’ils sortent du bureau, Charly garde les pognes en l’air, personne dans la rue, le village complètement confiné, un dimanche après-midi, certainement tous coulés à végéter devant la télé. Y’a Drucker ou les séries avec des animaux, de quoi somnoler un bon moment avant de se rendre compte que le curé s’est fait buter.

Ils remontent la rue, direction la bagnole, le Qashqai. Charly relâche ses mains...

- Tu fais quoi ! S’excite l’autre

- Je vais prendre mes clefs

- Tes clefs ?

- Elles sont dans ma poche.

Il montre celle de son pantalon, impossible de voir. Le vieux parait bien anxieux, et il a raison de l’être. Il demande alors au curé d’ouvrir son blouson.

- Je veux voir ce que tu caches là-dessous.

Charly grogne... il tire doucement sa fermeture éclair, laisse apparaitre un canon, celui du Glock. Le vieux Serge n’avait pas pensé sur le moment qu’il pouvait être enfouraillé l’homme d'église !

- Vain Dieu ! Qu’il balance

Il lui prend le pétard, le fourre dans sa cote, la poche ventrale, celle où il range sa blague de tabac.

- T’en as d’autres des surprises comme celle -là ?

Il tapote du canon les poches, lui demande de se retourner.

Le curé n’a pas l’air d’en planquer d’autres, de Colts ! Allez ! Les clefs. Serge fait déjà le tour de la tire, garde Charly dans l’alignement de son canon, il ne le perd pas de vue.

Charly ouvre sa portière, il passe un œil vers les toits et d’un coup se souvient ! Il ressort.

- Tu ferais mieux de te rendre...

Là le vieux ne comprend pas.

- Tu ferais mieux de te rendre ! Le prévient alors Charly.

- Mais... de quoi que tu m’causes ? Qu’il fait le vieux en tirant son cigarillo éteint de sa lèvre fendue et gercée par la crasse.

Serge cale son fusil, méfiant.

Il n’imagine pas alors qu’un Ange passe.

Une détonation claque.

Une détonation venue du toit, en face.

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