Chaque jour, Léandre Boizeau vous parle de son quotidien casanier, mais l'esprit vagabond...
Le créateur des Ronchons, personnages du fameux musée qui foulent les planches du Berry depuis près de quatre ans, ne pouvait rester sans voix, pas plus que ses comédiens d'copains.
Depuis le " jour 1 ", il ne manque pas de temps pour laisser ses pensées divaguer et faire " chonchonner " nos Ronchons préférés.
Bon...
...je ne vais pas tarder à partir pour cette fameuse étape Saint- Savin - Chauvigny.
20 bornes et ce n’est pas du gâteau !
Je ne sais pas si ça vous fait comme à moi, mais à vivre au ralenti comme nous le faisons, je n’arrive plus à me lever !
Il faut dire que le changement d’heure doit y être pour quelque chose : au lieu d’émerger à 8 heures, j’ouvre un œil à 9 heures maintenant. Alors, évidemment, le temps de m’ébrouer, de me préparer psychologiquement à l’épreuve qui m’attend, je ne suis prêt à mettre le pied sur la pédale qu’aux environs de midi.
Et là, autant manger avant de partir, je gagne du temps…
J’en reviens à ce fameux changement d’heure.
Avez-vous remarqué comme les médias en ont peu fait sur ce thème cette année ? Ils sont tellement occupés à dramatiser la situation, parfois jusqu’à l’obscénité, qu’ils en ont oublié la fameuse info qu’ils nous rabâchent tous les ans depuis 1974 !
A ce propos je ne peux que vous conseiller de faire l’impasse sur les informations télévisées, vous y gagnerez en sérénité.
Non, à la télé. Regardez du sport, de l’histoire, des séries, des films…
Les plus âgés, comme moi, peuvent aller jusqu’aux dessins animés, ça s’appelle le retour en enfance et ce n’est pas forcément désagréable. Donc tout sauf les faces de carême habituelles qui affichent un désespoir dont on se demande s’il est réel ou de circonstance.
Alors les infos, me direz-vous, où faut-il aller les chercher ?
Moi, je lis la Nouvelle République et ça me suffit amplement. J’ai toujours crû à la presse écrite plus qu’à l’événementiel exacerbé et outrancier de la télé. C’est plus que jamais vrai. Je lis la Nounou, j’y trouve des infos sérieuses et pesées sur ce qui nous préoccupe tous, en même temps que des motifs d’espoir.
Et j’ajoute pour être complet que si vous pouvez vous procurer la Bouinotte, vous filez droit vers la zen attitude…
Voilà, c’est dit !
Et c’est parti !
La côte de Saint-Savin : un casse-pattes de première ! Il y a intérêt à mettre petit, tout petit plateau.
Et voilà Paizay-le-Sec !
Alors là, j’ai le souvenir d’un jour, ou plutôt d’une nuit où Paizay-le-Sec n’a jamais aussi mal porté son nom ! C’était il y a une trentaine d’années, nous étions une demi-douzaine de demi-fous à nous être lancés dans les brevets de marche : 25 kms, 50 kms, 75 kms, 100 kms…
La folie n’est pas forcément douce.
Le départ se faisait de Montmorillon à 8 heures, 6 heures, 3 heures ou minuit selon les distances à parcourir, à 6 kms /heure de moyenne. Fous que je vous dis !
Et cette nuit-là, je me suis traîné jusqu’à Paizay-le-Sec avec une tendinite au pied droit… sous une pluie battante ! J’ai été contraint d’abandonner, en plus j’étais trempé. Depuis j’en ai toujours voulu à Paizay de s’appeler ainsi.
C’est ça la rancune tenace.
Chauvigny !
Quand on arrive à vélo à Chauvigny, l’on pense tout de suite à Michel Grain. Une forte personnalité, un athlète du sport cycliste qui a roulé une partie de sa carrière au service de Jacques Anquetil.
Et je pense aussi à quelqu’un qui était peut-être moins connu : Jacques Blanchard. Un vrai résistant qui appartenait à ce qu’on a appelé le maquis de Chauvigny qui a payé un si lourd tribut à la guerre de Libération : plus de trente jeunes ont été tués par les troupes allemandes le 10 juillet 1944 dans les bois de la Luzeraize, près de Bélâbre.
Voilà qui me ramène aux Ronchons.
Je leur ai écrit une nouvelle partition, environ 7 ou 8 pages supplémentaires qui vont permettre au Dédé qui avait été embauché pour L’honneur bafoué du pauvre cantonnier ( pièce jouée lors de la Nuit de la Bouinotte) de rejoindre l’équipe du Musée des Ronchons.
Entre nous, une triste équipe.
A peine ai-je lancé ce projet que le Francis a trouvé moyen de se manifester et pas de la bonne manière, je vous en laisse juges :
« Et voilà l’confinement commence à faire du dégât.
L’metteur en scène y s’r’tint plus
Faut pas qu’il croye que ça va s’passer comme ça.
Changer notre contrat de travail sans l’avis de la commission paritaire idoine, on ne le laissera pas faire.
Il pourra pondre toutes les ordonnances qu’il veut, ça ne se passera pas comme ça. Moi, l’Dédé, je l’aime bien, mais tant qu’il aura pas payé son canon, je ne discuterai de rien ».
La pression étant très forte, j’ai fini par céder, j’ai doublé les salaires.
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